Entre 2013 et 2022, près de 12,3% des femmes donnant naissance à domicile de manière programmé sont testé positive au streptocoque B hémolytique (GBS) en fin de grossesse. Parmi ces femmes, seulement 25% d’entre elles reçoivent une antibioprophylaxie préventive lors de la naissance. A contrario, 75% des femmes qui ont été testé positive au GBS sont traité lors des naissances intra-hospitalière (Cepip, 2023)
Ces chiffres reflète probablement la casi impossibilité pour les sage-femmes pratiquant l’accouchement à domicile de se procurer les antibiotiques adéquat IV en dehors de l’hôpital. Il est aussi stipulé dans l’article de loi régulant la prescription et administration des médicaments de la sage-femme en autonomie, que la prescription des antibiotiques IV en prophylaxie du sepsis néonatal précoce dû à la présence du GBS dans la filière génitale maternelle lors de la naissance et l’administration de ceux-ci ne peuvent se faire en autonomie que en milieu intra-hospitalier. De ce fait, les sage-femmes à domicile, si elles souhaitent respecter les guidelines internationaux concernant la prophylaxie d’une infection au GBS lors de la naissance lorsque un frottis ou une culture urinaire est positive chez la mère, doivent réorienter les femmes dans un milieu intra-hospitalier ( gîte intra-hospitalier, plateau technique ou prise en charge classique par l’équipe de la salle de naissance).
Dans le monde, Il existe deux approches pour prévenir le sepsis néonatal précoce du GBS
1. Le dépistage universelle : Dépistage de toutes les personnes enceinte pour le GBS entre 36-37 semaines et de traiter toute les ces personnes par des antibiotiques pendant le travail si le dépistage est positif. Ce dépistage est celui utilisé en Belgique mais aussi dans plus de 60 pays dans le monde dont la France et les Etats-Unis (Le Doare et al. 2017).
2. Le dépistage et traitement par « facteurs de risques » : La personne enceinte recevra des antibiotiques pendant le travail si elle présente les facteurs de risque suivant : GBS dans les urines pendant la grossesse, un antécédant de sepsis néonatal précoce dans la fratrie, si le travail à lieu avant 37 semaines, fièvre durant le travail, rupture de la poche des eaux de plus de 18 heures. Ce dépistage est utilisé dans 25 pays dont le Royaume-Unis, la Hollande ou la Nouvelle-Zélande (Le Doare et al. 2017).
Notons que peu importe le type de dépistage, si un frottis vaginal est positif au GBS, il est recommandé de manière universelle une antibioprophylaxie par voie veineuse lors de la naissance, faisant chuter le risque de sepsis néonatal précoce de 2% à 0,2% (Nanduri et al. 2019).
Il semble que un certain nombre de femmes (11,6%) décident ou n’ont pas de proposition de la part de la sage-femme de faire un frottis pour dépister le GBS en fin de grossesse et semble suivre le dépistage par facteur de risque (Cepip, 2023). Le dépistage par facteur de risque a permis de diminuer le risque de sepsis néonatal précoce à 0,5% (UK Health Security Agency, 2021) et le dépistage universelle à 0,2% (CDC, 2020). Il semblerait que peu importe le type de dépistage, la proportion de femmes traité par antibioprophylaxie est la même dans les deux groupes, ce qui pencherait en faveur du dépistage universelle (Nanduri et al. 2019). En cas de GBS inconnue, les guidelines internationaux ne recommandent plus de traité la patiente par antibioprophylaxie lors de la naissance sans facteurs de risque (RCOG, 2017 ; ACOG, 2019 ).
Notons qu’il n’existe pas d’étude randomisée de bonne qualité concernant l’efficacité du dépistage du GBS, mais seulement des études observationnelle. Cependant cela est courant en obstétrique pour des questions éthique et pratique.
Références
American College of Obstetricians and Gynecologists (2019, Reaffirmed 2022). “ACOG Committee Opinion No 797: Prevention of Group B Streptococcal Early-Onset Disease in Newborns.” Obstet Gynecol 135(2): e51-e72
Centers for Disease Control and Prevention (2020). “Active Bacterial Core Surveillance Report, Emerging Infections Program Network, Group B Streptococcus, 2020
Le Doare, K., O’Driscoll, M., Turner, K., et al. (2017). “Intrapartum antibiotic chemoprophylaxis policies for prevention of Group B Streptococcal disease worldwide: Systematic Review.” Clin Infect Dis 65(S2): S143-S151
Nanduri, S. A., Petit, S., Smelser, C., et al. (2019). “Epidemiology of invasive early-onset and late-onset group B streptococcal disease in the United States, 2006 to 2015: Multistate laboratory and population-based surveillance.” JAMA Pediatr 173(3): 224-233.
UK Health Security Agency (2021). “Laboratory surveillance of pyogenic and non-pyogenic streptococcal bacteraemia in England: 2020 update.” Health Protection Report 15(19): November 23 2021
Prevention of Early-onset Neonatal Group B Streptococcal Disease: Green-top Guideline No. 36. (2017). BJOG : an international journal of obstetrics and gynaecology, 124(12), e280–e305. https://doi.org/10.1111/1471-0528.14821
Leroy, C. (2023). L' accouchement extra-hospitalier, qu ' en est-il en FWB? [PowerPoint slides]. Congrès Par Collège Royal des Gynécologues Obstétriciens de Langue Française de Belgique. Cepip